77 % des Européens préfèreraient réparer plutôt que remplacer un produit électrique et électronique (EE) endommagé.1 Nous examinons le nouvel indice de réparabilité des produits EE en France.
E-DÉCHETS
En 2019, 53,6 millions de tonnes (Mt) de déchets électroniques (e-déchets) ont été produites dans le monde, mais seulement 17,4 % ont été officiellement collectées et recyclées correctement. Cela représente environ 7,3 kg de déchets électroniques par personne et par an, et la tendance devrait s’aggraver. D’ici 2030, on prévoit que le volume mondial des déchets électroniques atteindra 74,7 Mt2.
S’il s’agit d’un problème mondial, alimenté par des taux de consommation plus élevés pour les équipements électriques et électroniques (EEE), des cycles de vie courts et un manque d’options de réparation, toutes les régions ne contribuent pas de la même manière. Les chiffres de 2019 montrent que l’Asie a généré 24,9 Mt de déchets électroniques, les Amériques 13,1 Mt, l’Europe 12 Mt, l’Afrique 2,9 Mt et l’Océanie 0,7 Mt.
Dans le domaine du recyclage, nous voyons une image différente. L’Europe arrive en tête avec 42,5 %, suivie de l’Asie 11,7 %, des Amériques 9,4 % et de l’Océanie 8,8 %. L’Afrique ne collecte et ne recycle que 0,9 % de ses déchets électroniques. Le sort de 82,6 % de tous les déchets électroniques, soit environ 44,3 Mt, est incertain. Il est clair que le recyclage ne suit pas le rythme de la croissance mondiale des déchets électroniques3.
OBSOLESCENCE ET IMPACT ENVIRONNEMENTAL
Une partie du problème réside dans le fait que les produits EE modernes sont difficiles ou impossibles à réparer. Nous parlerons alors d’obsolescence programmée. L’organisation Halte à l’Obsolescence Programmée (HOP) fait pression pour changer ce paradigme. Dans son livre blanc intitulé « Durable and repairable products: 20 steps to a sustainable Europe », elle indique que l’allongement de la durée de vie des produits EE aura des retombées positives considérables pour les consommateurs et l’environnement4.
Selon le Bureau européen de l’environnement, « prolonger d’un an seulement la durée de vie de tous les lave-linge, ordinateurs portables, aspirateurs et smartphones dans l’UE [permettra] d’économiser environ 4 millions de tonnes [d’émissions] de dioxyde de carbone (CO2) par an d’ici 2030, ce qui équivaut à retirer plus de 2 millions de voitures de la circulation pendant un an.»5 La plupart de ces émissions proviennent de l’extraction des ressources et de la fabrication. Par conséquent, la réduction de l’obsolescence diminuera le besoin de nouveaux produits et réduira ainsi l’impact sur l’environnement.
La clé est de concevoir des produits qui dureront plus longtemps. La Commission européenne a déterminé que 80 % de l’impact environnemental total d’un produit est décidé lors de la phase de conception.6
RÉGLEMENTATIONS ET SOLUTIONS
Dans le monde entier, les pays commencent à s’attaquer au problème. En 2019, 78 pays disposaient de politiques ou de réglementations nationales couvrant les déchets électroniques, mais l’adoption n’a pas été universelle. Dans certaines régions, les progrès ont également été lents en raison d’un manque d’investissements et de motivation politique.
L’Europe est une région qui montre la voie en matière de promotion de produits EE plus durables. L’Union Européenne (UE) a déjà lancé plusieurs initiatives visant à promouvoir des approches EE plus écologiques. Il s’agit notamment de la directive sur les déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), de la directive sur les produits liés à l’énergie (ErP) et de la directive sur l’écoconception.
INDICE DE RÉPARABILITÉ
Le 10 février 2020, la France a adopté la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC), qui a introduit de nombreuses mesures. L’article 16 de la loi, introduit un Indice de réparabilité qui couvre cinq catégories de produits EE : les ordinateurs, les téléviseurs, les smartphones, les tondeuses à gazon (à fil, à batterie et robotisées) et les machines à laver. Ces catégories de produits ont été choisies car la plupart des foyers en possèdent au moins deux.
En ce qui concerne la réparabilité, l’AGEC indique que :
- Les fabricants doivent fournir aux vendeurs des informations sur la disponibilité des pièces de rechange pour les réparations
- Les professionnels des EEE doivent proposer des pièces de rechange issues de l’économie circulaire
- Les fabricants doivent fournir aux vendeurs ou aux réparateurs les pièces de rechange nécessaires à la réparation dans un délai de 15 jours
- Les techniques et les logiciels visant à rendre impossible la réparation ou le reconditionnement d’un appareil sont interdits
- Les produits réparés sous garantie légale verront cette garantie prolongée de six mois
Depuis le 1er janvier 2021, les vendeurs français, y compris les détaillants en ligne, sont tenus d’afficher un score de réparabilité. Il s’agit d’une note sur dix, dans laquelle dix est considéré comme le meilleur et donc le plus réparable. Le score est affiché sur un logo en forme de clé à molette avec des gradations de couleur indiquant la réparabilité (vert pour excellent et rouge pour médiocre).
L’objectif est de promouvoir une plus grande réparabilité des produits EE. Ce logo donne aux consommateurs les informations nécessaires pour faire des choix éclairés sur la réparabilité d’un produit avant de l’acheter. Une étude de 2018 a révélé que les consommateurs étaient deux fois plus susceptibles de choisir un produit étiqueté « plus réparable »7.
On espère que l’indice encouragera également la concurrence entre les fabricants pour concevoir des produits plus réparables, dans le but d’obtenir de meilleures notes qui seront plus compétitives. Cela permettra d’allonger le cycle de vie des produits, réduisant ainsi leur impact sur l’environnement et sur le porte-monnaie des consommateurs.
ET APRÈS ?
Il est prévu d’étendre à cinq ans la garantie actuelle de six mois après une réparation. En 2024, l’indice de réparabilité sera également complété par un indice de durabilité évaluant la durée de vie des produits.
Il est également prévu d’introduire un indice de réparabilité dans le reste de l’UE. Cette mesure serait largement acceptée sur le continent, où 79 % des citoyens estiment que les fabricants devraient être tenus par la loi de faciliter la réparation des appareils numériques et/ou le remplacement de pièces individuelles. Les commissaires européens œuvrent déjà en faveur d’un « droit à la réparation » pour les consommateurs, qui entrera en vigueur au Royaume-Uni à l’été 20218.
SOLUTION SGS
SGS offre une gamme complète de solutions pour aider les fabricants à se conformer aux dispositions de l’AGEC. Il s’agit notamment d’évaluations techniques des produits, d’un soutien technique en matière de réparabilité des produits et d’une aide à la rédaction du manuel de réparabilité. En outre, nos experts dispensent des formations afin que les fabricants comprennent parfaitement les exigences et les implications de la loi.
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Pour plus d'informations, merci de contacter :
Johanna Gdalia
Responsable Commercial E&E
johanna.gdalia@sgs.com
Références
1 France leads the way with a “Repair index” for electronic products
2 The Global E-waste Monitor 2020
3 The Global E-waste Monitor 2020
4 Durable and repairable products: 20 steps to a sustainable Europe
5 Coolproducts don’t cost the Earth – Briefing
6 Circular Economy Action Plan: For a cleaner and more competitive Europe
7 French repairability index: what to expect in January?
8 France leads the way with a “Repair index” for electronic products & UK consumers will soon have a 'right to repair' on goods they buy
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